Ma grande traversée du Vercors par le GR 91 – étape 3

Jour 3 : De Corrençon-en-Vercors à la Jasse du Play

3 août 2020 : Comme il n’y a pas de tente à démonter et de sac à dos à refaire, pas de perte de temps ce matin de la 3e étape. Je quitte l’hôtel dès 7 h 00 et go ! C’est parti pour la plus longue journée de cette semaine en terme de kilomètres parcourus.

La première difficulté de la journée est double. D’une part, la météo est toujours capricieuse et la pluie se joint à moi peu après le départ, m’obligeant à mettre la protection sur mon sac à dos et à enfiler mon blouson de pluie. Je suis alors dans le périmètre du très joli golf des Ritons, toujours sur la commune de Corrençon-en-Vercors. D’autre part, le chemin balisé de rouge et blanc commence à grimper doucement et de plus en plus. Il faut dire que cette fois, je monte sur les hauts plateaux du Vercors ! Avec la pluie, il y a un peu de vent et aussi des températures qui sont loin des normales de saison. Mon équipement m’apporte alors tout le confort nécessaire me permettant de rester au sec et au chaud (ce qui ne sera pas le cas durant tout le périple…. j’y reviendrais). Et je continue ma progression.

Je vais sortir du complexe du golf pour m’enfoncer dans la forêt de conifères sur un sentier qui grimpe, la roche qui le compose est devenue glissante. Prudence !

Le sentier monte vers le 45e parallèle
Le monument du 45e parallèle

La prochaine curiosité du circuit est le passage sur le 45e parallèle nord, cette ligne imaginaire qui sépare l’hémisphère nord en 2 parties égales. A ce moment, je suis sur le même axe que le parc de Yellowstone aux États-Unis par exemple… Ça me fait une belle jambe, n’est-ce pas !? Un monument représentant l’hémisphère nord de la Terre permet de se rendre compte de la situation géographique. Face à ce monument, une stéle à la mémoire de la résistance est également installée avec une croix de Lorraine.

Ça monte toujours, j’arrive maintenant dans une clairière, avec la cabane de Carrette. Une pause s’impose ! Quelques barres de céréales, un peu d’eau et ça repart ! Le temps est super couvert et humide… une bruine est perceptible. Me voilà à 1400 m d’altitude. Le chemin va redescendre tout doucement jusqu’à un endroit somptueux : la prairie de Darbounouse. Le lieu m’a tout simplement coupé le souffle par son immensité, son ambiance magique et son calme ! En arrivant un énorme nuage l’a littéralement recouvert progressivement. J’ai cru à de la fumée qui arrivait pour recouvrir la plaine. Sans doute que l’horizon bouché par le brouillard qui se dégage petit à petit a contribué à cette impression, mais cet endroit m’a complètement envouté. Une plaine enherbée qui avait grillée du fait de la canicule actuelle, cela donnait une sensation presque désertique dégagée par ces multiples rochers disséminés partout. Je n’arrêtais pas de me retourner pour admirer ce paysage vraiment exceptionnel. Une bergerie en son centre, qui paraissait toute petite depuis ma position montrait toute l’immensité de ce lieu. Je voulais rester encore un peu… mais il fallait avancer !

La prairie de Darbounouse

Au bout de cette prairie, retour dans une forêt de conifère, qui ne va pas tarder à me montrer un tout autre paysage… Après le « désert » de Darbounouse, me voici dans une « jungle » quasi luxuriante. L’humidité ambiante ajoute à la brillance de ce passage incroyable. Des plantes et des fleurs de toutes tailles et de toutes les couleurs envahissent le chemin. Le contraste est hallucinant en quelques minutes.

Changement total de décor en quelques minutes

C’est dans cet environnement verdoyant que je m’arrête pour déjeuner. Il est déjà presque 14 h !! Le temps passe vite mais la pluie est toujours de la partie !

Au sortir de la forêt, après la pause repas, le Grand Veymont est dans ma ligne de mire. Il s’agit du plus haut sommet du Vercors. C’est l’un des objectifs de l’étape de demain. Le ciel semble enfin vouloir se dégager.

Le Grand Veymont est en vue

A présent, les paysages sont davantage clairsemés, mais les conifères sont la règle. Le chemin, quant à lui est constitué essentiellement de roches de diverses formes et tailles. La végétation, plus rase, n’en reste pas moins présente pour autant. La chaîne du Grand Veymont domine droit devant. Je suis dans le Canyon des Erges. Un « glacier de pierres et de roches ». C’est vraiment très joli, mais il faut faire attention où l’on marche tellement le terrain est rocailleux. Mais ici pas de pierriers… la roche est à découvert en grand blocs collés les uns aux autres, d’où cette appellation de « glacier de roches ».

Les Grands Plateaux prennent vraiment leur sens ici, les étendues sont immenses et relativement planes. Les décors s’enchainent mais le relief reste plat. Je suis en moyenne à 1600 m d’altitude. La rando est assez tranquille en terme d’efforts à fournir. C’est aisi que j’arrive à la Jasse du Play. Une petite cabane perchée dans une prairie escarpée. Je m’y réfugie d’ailleurs quelques instants pour me réchauffer. Le vent s’est levé et les températures ont chuté. la cabane est occupée par un groupe de jeunes qui a déjà allumé un feu dans la cheminée. Bonheur ! L’heure passe. Il faut que j’aille me trouver un endroit à l’abri du vent pour le bivouac ! Je m’éloigne un peu de la cabane, le relief escarpé et les quelques bosquets de sapins vont m’aider à m’isoler et à me protéger des bourrasques.

La cabane de la Jasse du Play

Une fois la tente montée, je profite de l’éclaircie de la météo pour faire le tour de mon campement. Je grimpe la butte pour voir ce qu’il y a derrière et faire quelques photos… et me dégourdir les jambes ! Bon en tong/chaussettes c’est pas l’idéal, je fais attention promis ! Je suis dans un espace circulaire plutôt renfoncé donc pas de panorama à observer. pas grave, je devrais être un peu plus abrité du vent.

En vérité, je ne le sais pas encore… mais je vais essuyer une petite tempête durant la nuit. La pluie et le vent vont s’abattre dès le diner et ne pas s’arrêter de toute la nuit. Je n’ai pas beaucoup dormi, j’ai eu super froid. J’ai même dormi tout habillé dans mon sac de couchage, cuissard et blouson compris. je ne me suis pas réchauffé ! Les températures ont du descendre relativement bas. C’est à ce moment que je me suis aperçu que mon équipement « chaud » était très bien en mouvement, mais pas du tout adapté pour rester immobile ! L’erreur du débutant. j’avais essayé d’anticiper cela et pris des couches supplémentaires… mais il s’est avéré que ces couches n’étaient pas suffisantes !

Ma tente, elle, a bien résisté au vent et c’est déjà pas si mal. Elle n’a pas pris l’eau non plus ce qui est encore mieux… si ce n’est un peu de condensation mais rien de grave. Ce qui est rassurant. Tout n’est pas négatif dans mon équipement, bien au contraire.

Une fin de journée et nuit bien mouvementée. Du fait d’un parcours relativement plat et un départ tôt ce matin, j’ai pu parcourir ma plus longue étape. De la fatigue il y en a, mais la petite nuit suffira pour récupérer.

A demain !

Note pour moi-même : A partir d’ici, il n’y a plus de réseau mobile jusque dans les montagnes du Glandasse, au-dessus de Die, soit au moins 2 jours de marche !

Résumé de la journée en photos

Bilan de la journée

Les étapes précédentes