Episode IV : Le Père Noël est fait prisonnier
Après ce petit tour en calèche, direction la Mairie où je dois aller me déshabiller afin de terminer cet après midi. La nuit commence à tomber… je vois de moins en moins loin devant moi à cause la fausse barbe et de la perruque, qui aidée par la capuche, me glisse inexorablement sur les deux yeux. C’est pourquoi je suis de près Madame C qui est alors comme un guide pour moi me permettant de slalomer entre les installations préparées pour le feu d’artifice prévu maintenant dans une dizaine de minutes (vers 18 h 00). Il y a même quelques marches à gravir… il ne faudrait pas que le Père Noël se prenne les pieds dans son long manteau…
Enfin nous parvenons à la Mairie sans encombre. Dès que la porte se referme derrière moi, je n’ai qu’une hâte, enlever barbe et perruque. A force d’avoir manger du poil de fausse barbe irritante, j’ai les lèvres toutes gercées.
Madame C m’invite alors à déposer en vrac les vêtements rouge et blanc dans un coin du hall d’accueil de la Mairie. Je m’exécute. une fois redevenu moi-même, elle me dit : Pour ne pas que tu sois éventuellement reconnu par les enfants encore dehors, il faudrait que tu sortes par derrière.
Elle n’a pas tort. Nous nous dirigeons donc vers la porte de service située à l’arrière de la Mairie. Nous essayons de l’ouvrir. Fermée ! Nous ne nous décourageons pas et allons voir à la porte de la salle des Mariages qui donne sur la cour derrière la Mairie. Fermée aussi ! Dernière solution, la porte de secours se trouvant dans le bureau du Maire. La Mairie n’est pas si grande, nous y allons. Sur place, on tente de l’ouvrir. Hélas ! 462 fois hélas ! elle est fermée également !
En tant que conseillère municipale, elle sait à qui aller demander les clés.
C’est alors qu’elle m’annonce : Attend moi ici, je reviens, je vais chercher les clés !
Ainsi, la voilà partie. Moi je reste patienter dans la Mairie. Jusque là tout va bien. Je me dis qu’elle va vite retrouver les clés et revenir en quelques minutes. De toutes façon, le spectacle pyrotechnique débute maintenant dans moins de 5 minutes, elle devra donc se dépêcher.
Mais voilà les minutes passent et je ne vois rien (ni personne d’ailleurs) venir [telle la Soeur Anne à sa fenêtre] si ce n’est que la nuit qui tomboie et les pavés qui rougeoie – oui les pavés du parvis de la Mairie sont roses – [toujours d’après une libre adaptation de la Soeur Anne]*
18 h 00 venait de sonner à ma montre (ma montre ne sonne pas toutes les heures mais c’est pas grave ! il est 18 h 00 quand même) et Madame C n’est toujours pas revenue pour me libérer.
Je commence alors à me dire qu’à moins qu’elle ne viennent me sortir de là dans les secondes qui suivent, les probabilités que je reste coincé à l’intérieur durant le spectacle augmentent de seconde en seconde. En effet, maintenant, il est 18 h 00 largement passée de plusieurs minutes…
A ce moment, il m’est impossible de sortir par devant malgré tout et de mon propre chef et ce pour une question de survie. En effet, le feu d’artifice se déroule à la porte de la mairie. Il suffirait que cela commence au moment où je décide de sortir et le Père Noël ne serait alors plus qu’un souvenir… définitivement.
Je prends donc mo mal en patience, quelque peu énervé, d’autant que soudain, je vois toutes les lumières du marché et de l’avenue de la Mairie s’éteindre devant mes yeux ébahis… cette fois, c’est certain, le Père Noël que je venais d’interpréter allait être emprisonné dans l’Hôtel de Ville de Saint-Maur pendant toute la durée du spectacle.
Soudain, après un long silence de la foule au dehors : BOUM ! BAM ! BANG ! Le hall de la Mairie, là où je suis, s’illumine de mille feux, l’embrasement de la Mairie vient de commencer. Maintenant le doute ne m’est plus permis. Je suis prisonnier ! Le Père Noël est prisonnier !
Le feu d’artifice, dehors, fait rage maintenant. Un bruit assourdissant et une odeur nauséabonde de fumée de pétards grillés envahit rapidement la mairie entière. Les quelques lumières rouges, vertes et bleues venaient éclaircir l’obscurité du hall où je me situe… espérant toujours qu’une âme charitable viendrait me libérer par les portes de derrière. Ainsi, quitte à s’occuper un peu, je me dirige vers les portes afin de vérifier si elle n’avaient pas été ouvertes entre temps sans que je m’en sois aperçu. Mais non ! Fermées elles étaient, fermées elles sont toujours.
Il est alors environ 18 h 10, je suis bon pour rester jusqu’au bout. Je songe prendre une feuille et un crayon pour noter un mot aux secrétaires de mairie qu’en outre je connais très bien et notamment Madame D par qui tout cet après midi a été organisé.
Mais à ce moment, mon téléphone mobile sonne. C’est bien dommage que le feu d’artifice fait un bruit du tonnerre car avec la résonnance dans le hall, on m’aurait entendu de loin… ce qui aurait pu permettre ma libération.
Ainsi, au téléphone, c’est ma mère qui m’informe qu’elle est avec mon frère devant la mairie en train de regarder l’embrasement majestueux de notre mairie et me demande où je suis afin que je les retrouve.
Je lui apprends alors la nouvelle : Le Père Noël (moi, quoi !) est enfermé dans la Mairie ! Elle éclate de rire… et raccroche.
C’est décidé je fait un mot que je laisserai sur le bureau de Madame D, à l’accueil.
En gros, j’y ai écrit : Il est 18 h 15, j’attends Madame C partie chercher les clés de derrière. Le feu d’artifice est commencé et je suis renfermé dans la Mairie !
Signé : Le Père Noël
Enfin je crois reconnaître comme un bouquet final, un bruit étourdissant, des fusées qui partent dans tous les sens et très vite… mon “calvaire” touche à sa fin. Enfin ! C’est pas qu’on s’ennuie tout seul dans une mairie… mais bon ! Quand même, quoi !
J’attends que le calme revienne et que les lumières extérieures se rallument. Ce qui arrive bientôt.
Là, je reprends mon petit papier et note quelque chose ressemblant à cela : Il est 18 h 20, le feu d’artifice est enfin fini ! Je sors, j’en ai marre d’attendre !
La foule qui avait déjà quasiment disparu n’a sans doute pas remarquée ma sortie tonitruante de la Mairie. Je rejoins donc ma famille qui m’attendait en bas des marches… ils sont tous effondrés de rire en me voyant apparaître.
Le Père Noël Saint-Maurois est libre ! Enfin.
Je commence à leur conter mon histoire et arrive le Directeur Général des services de la commune. Le temps de lui raconter mes mésaventures et à son tour il éclate de rire !
Je trouve le Maire et lui fait un résumé de l’histoire, surpris il rit aussi… Finalement, avec un peu de recul, il est vrai que cette histoire à de quoi faire rire. C’est plutôt original et surtout inattendu !
Mais tout est vrai.
C’est ainsi que se termine mon après midi pèrenoelesque du 17 décembre 2005.
FIN
Nous ne savons toujours pas quand les poules auront-elles enfin des dents… mais est-ce si grave ?
Pour voir quelques photos d’un Père Noël à qui il est arrivé de si nombreuses aventures, c’est par ici.
* Pour ceux du fond qui ne voient pas de quoi je parle, relisez Barbe Bleue.
Mais où est passée Madame C ?
Sacré père Noel va 😀
Ah la magie de noël… quand j’étais directeur du CLSH, j’ai du enfiler un vieux costume de père noël pour distribuer les bonbons aux enfants. malheureusement, je suis allergique au acariens et je leur ai éternué à la figure plus d’une fois… pas très crédible pour un gars sensé habiter dans le grand nord…
sinon, toutes mes fellations, c’est très bien écrit
tom roots > Moi j’étais sans cesse en train de redresser la capuche pour y voir clair…
Sinon merci pour le compliment. 😉